Fonds communs de placement : l'indispensable classification
Par Investisseur Privé,
La classification des quelques 35.000 fonds d’investissement accessibles en France est une nécessité tant pour l’analyste que pour l’investisseur. Cette catégorisation est essentielle pour faciliter les recherches mais aussi pour évaluer correctement les performances des supports. Méthodologie :
De nature très variée, les fonds investissent dans des produits aussi divers que des actions, des obligations, des matières premières, etc. Conséquence : pour les analyser correctement, il est nécessaire de les comparer par type de stratégies, d’objectifs ou d’actifs.
Ces fonds publient des documents qui décrivent, entre autres, leur stratégie d’investissement. Cela permet de les classer par type de sous-jacents. Ces groupes homogènes sont appelés catégories et sont répertoriés par différentes sociétés, chacune ayant créé sa propre arborescence de classement.
Ces arborescences permettent de rentrer dans le détail de la gestion selon le principe suivant : « Actions > Actions Europe > Actions Allemagne > Actions Allemagne petites capitalisations ». A titre d’exemple, la base de données Quantalys est structurée en 140 catégories différentes.
Catégoriser les fonds : une nécessité pour la recherche et l’évaluation
La catégorisation a pour principal objectif d’établir des classements entre produits de même nature et de définir un marché de référence, base du calcul de nombreux indicateurs financiers.
Les fonds sont par exemple classés et notés à travers des indicateurs financiers calculés au sein d’une même catégorie. Cela signifie que lorsqu’il est bien noté, un fonds est en général plus performant que ceux de même nature.
La catégorisation permet aussi de faciliter la recherche des fonds. En effet, l’investisseur sait généralement vers quel type de produit il veut s’orienter. Le fait de pouvoir restreindre l’univers de recherche à la catégorie concernée représente un avantage en termes d’efficacité mais aussi pour l’analyse et la comparaison.
Processus de catégorisation
Il existe deux grandes méthodes pour classer les fonds : la méthode juridique et la méthode quantitative.
La méthode juridique consiste à lire l’objectif de gestion du fonds et à le catégoriser en fonction de ce qui est déclaré par le gérant dans ce document.
On catégorise donc les produits non pas en fonction de ce dans quoi ils ont investi mais en fonction de ce dans quoi ils ont le droit d’investir. De ce fait, la catégorisation par cette méthode est un processus lent, laissant une large part à l’appréciation de l’opérateur.
La méthode quantitative résulte d’une volonté d’automatiser le processus en classant les fonds en fonction de leur comportement dans le temps. Des algorithmes sont mis en place pour ce faire et donnent lieu à un corpus important de recherche. Certains modèles mathématiques, comme les carte auto-adaptatives de Kohonen, ont récemment donné des résultats probants.
Néanmoins ces modèles, aussi poussés soient-ils, comportent trois limites :
- Ils requièrent un historique pour leur analyse ce qui ne permet pas de classer le fonds immédiatement.
- La catégorisation peut être instable, leur composition et donc leur catégorie pouvant changer d’un mois sur l’autre.
- Ils sont purement comportementaux, ils décrivent ce dans quoi investit le fonds et non ce dans quoi il est susceptible d’investir.
Ce dernier point se révèle quasiment philosophique. Que doit être la classification ? Ce qui est ou ce qui peut être ?
Selon nous, la réponse est clairement la seconde. Si un gestionnaire se donne le droit d’investir dans un type de marché et qu’il ne le fait pas, rien ne garantit qu’il ne changera pas de stratégie vu qu’il en a la possibilité. La classification quantitative se donne donc la possibilité de changer de catégorie dans le temps au gré des choix tactiques d’investissement du gérant. Cela reviendrait à dire par exemple que les notes successives d’un même produit n’ont pas été calculées de la même manière d’un mois sur l’autre, ce qui ne nous parait pas acceptable.
Aussi, même si la catégorisation juridique est un processus lent et complexe pour plus de 35 000 produits à passer en revue et à classer, il nous semble être le seul viable dans son principe même.
Pour aller plus loin
La catégorisation permet aussi de calculer une moyenne de catégorie qui est la moyenne des performances de l’ensemble des fonds d’une même catégorie. C’est une bonne approximation du marché, en particulier pour les classes d’actifs peu ou mal représentées par les indices de référence tels que les fonds flexibles ou les fonds à performance absolue par exemple.